Redonner vie au bâti à colombages : préserver le pan de bois traditionnel
Techniques de restauration du bâti à colombages : préserver le bois, le torchis et l’âme des constructions anciennes
Le bâti à colombages, chef-d’œuvre du vernaculaire en péril
Le bâti ancien à colombages est l’un des emblèmes les plus raffinés du bâti ancien. Chaque pan de bois, chaque remplissage en torchis ou en briques, témoigne d’un savoir-faire local minutieux, fruit de siècles d’adaptation aux ressources et au climat.
Pourtant, ce patrimoine d’exception est aujourd’hui menacé. Les pathologies liées au vieillissement du bois, à l’humidité, à l’absence d’entretien adapté ou des rénovations modernes mal conçues altèrent l’intégrité des structures et effacent peu à peu leur identité. Trop souvent, le caractère du colombage est masqué, affaibli, voire supprimé sous des couches d’enduit inadapté, des ouvertures ou des baies hors d’échelle.
C’est pourquoi la restauration du bâti à colombages exige une attention particulière : elle doit conjuguer respect et connaissance des matériaux, un diagnostic précis, et des gestes justes — à l’image d’une « haute couture » du bâti ancien.
René Fontaine | Guide de la Restauration
Dans « pan de bois » le mot pan vient du latin « panus » qui désigne une partie importante d’un vêtement, d’où l’expression un pan d’habit. Toutefois, par extension, nous avons considéré le pan comme une partie d’un tout, d’où « pan de mur », « de toiture » (…). Quand au pan de bois, il est formé de l’assemblage d’un certains nombre de pièce de bois formant ossature d’un mur.
Quelles sont les pathologies les plus courantes du bâti à colombages ?
Pathologies du colombage : lire les signes d’alerte
Sous son apparente robustesse, le bâti à colombages cache souvent des fragilités structurelles ou matérielles. Avec le temps, l’humidité, les déformations ou les interventions dégradantes, les désordres s’installent silencieusement. Une lecture attentive des signes permet de prévenir les dégradations profondes.
Parmi les pathologies les plus fréquentes :
- Dégradation du bois (pourrissement, insectes xylophages, fendillement) liée à des infiltrations, des remontées capillaires ou un mauvais renouvellement de l’air.
- Affaissement des assemblages ou désalignement des pièces de bois, signe d’un affaiblissement structurel ou d’une perte de cohésion entre les éléments porteurs.
- Décollement ou fissuration des remplissages (torchis, briques, béton), souvent dus à des mouvements du bois, à un mauvais entretien ou à l’usage de matériaux incompatibles.
- Déformations visuelles de la façade, ouvertures déformées, dévers du mur : autant d’indices d’un déséquilibre global à prendre au sérieux.
Parfois, les pathologies sont aggravées par des restaurations mal pensées : enduits ciments étouffants, remplissages en blocs béton, ouvertures surdimensionnées, sablage abrasif ou remplacement massif des bois d’origine.
Un diagnostic précis et sensible, réalisé par des professionnels connaissant l’architecture en pan de bois, est la clé d’une restauration appropriée. Il permet non seulement de distinguer l’ancien de l’altéré, mais aussi de hiérarchiser les interventions, pour intervenir avec justesse et mesure.

Exemple de désordres touchant un pan de bois
Illustration d’un désordre fréquent dans les bâtis à colombages anciens, ici aggravé par un soubassement bétonné peu compatible avec le principe constructif d’origine.
On y observe plusieurs signes préoccupants :
- Une sablière basse fortement dégradée, noircie, fissurée et affaissée : probablement atteinte par l’humidité capillaire ou des champignons lignivores.
- Un tassement différentiel entre la partie bois et la maçonnerie : le béton rigide du soubassement n’absorbe pas les mouvements du sol de la même façon que la structure bois, ce qui entraîne des fissures et le décollement du remplissage en briques.
- Des joints décollés ou absents, accentuant la pénétration de l’eau dans les points faibles.
Ce type de désordre fragilise la structure du pan de bois et nécessite un diagnostic précis. L’intervention devra porter à la fois sur :
- la reprise localisée du bois affaibli (greffes, traitement ou remplacement partiel),
- la remise en cohérence du soubassement, en remplaçant le béton par des matériaux plus compatibles (pierres, briques, chaux),
- la réfection du remplissage avec des matériaux souples, respirants et réversibles.
Diagnostic du bâti à colombages
Ce gros plan met en évidence un pan de bois traditionnel typique de la Bresse ou du Val de Saône, avec son remplissage en brique, ses assemblages chevillés et son bois ancien oxydé par le temps.
On y observe notamment :
– des chevilles boisées intactes, mais légèrement en retrait (indice de retrait ou d’assèchement du bois),
– un poinçonnement discret autour des assemblages (tensions mécaniques ou vieillissement naturel),
Autant d’indices précieux lors d’un diagnostic structurel du bâti à colombages, qui permet d’évaluer la structure, le taux d’humidité, et la nécessité éventuelle d’intervention (consolidation, remplacement partiel, reprise du remplissage…).
Restaurer le bâti ancien à colombages
Restaurer un colombage, ce n’est pas refaire à neuf : c’est comprendre, conserver et prolonger l’histoire du bâti, sans trahir sa structure ni son langage.
Restaurer le colombage avec des techniques innovantes et compatibles
La restauration du bâti à colombages exige un subtil équilibre entre préservation patrimoniale et adaptation aux exigences actuelles de confort et de performance thermique. Loin des solutions standardisées ou trop rigides, les techniques innovantes privilégient aujourd’hui des matériaux compatibles avec les structures anciennes, à la fois légers, respirants et réversibles.
Préserver l’intégrité du bois et des assemblages
Les interventions sur les pans de bois privilégient des réparations localisées, plutôt que le remplacement systématique. On utilise des techniques de greffes ou de prothèses en bois dur (chêne, châtaignier) assemblées selon des procédés traditionnels et fixées avec des chevilles bois pour conserver la souplesse et la lisibilité de la structure.
Remplissages thermiques biosourcés
Dans le cas d’un remplissage à reprendre, plusieurs options innovantes et performantes sont possibles :
- Béton de chanvre : projeté ou coffré, il permet une excellente régulation hygrométrique, une bonne isolation thermique tout en conservant une faible densité compatible avec les structures bois anciennes. Il épouse les formes irrégulières, laisse le bâti respirer et cnserve la souplesse de la structure.
- Billes d’argile expansée (Laterlite) : utilisées en remplissage léger, elles offrent une bonne résistance thermique et une grande stabilité, idéales en complément de torchis, derrière un doublage ou encore liées à de la chaux hydraulique.
- Terre-paille ou terre-chanvre : la terre, mélangée à des agrégats végétaux, projetée directement sur des lattis bois, assure une finition respirante, naturelle et cohérente avec les modes constructifs d’origine. La plasticité de ce mélange le rend adapté aux mouvements du bois.


Stratégies thermiques globales et réversibles
Plutôt que d’imposer une isolation intérieure ou extérieure envahissante, l’approche moderne consiste à :- valoriser l’inertie thermique du bâti ancien ;
- considérer les remplissages comme ressource thermique majeure sans toucher aux pans de bois extérieurs grâce à l’emploi du béton de chanvre ;
- privilégier la notion de confort thermique ;
- ventiler avec des systèmes discrets (VMC basse pression, VMI) pour limiter l’humidité intérieure ;
- résoudre les pathologies humides internes ou externes sources d’inconfort et de désordre.
Enduits perspirants et finitions réversibles
La finition extérieure est essentielle. On évite strictement les enduits à base de ciment, qui bloquent la respiration du mur et provoquent des désordres. À la place, on privilégie :- des enduits terre ou chaux à grains fins, adaptés aux supports anciens, durables et esthétiques ;
- des badigeons à la chaux naturelle, parfois teintés, pour protéger sans masquer le pan de bois.
Notre engagement
Nous nous engageons aux côtés des maîtres d’ouvrage que nous accompagnons. Notre objectif est de partager notre expérience du bâti ancien en colombages ou pan de bois et des techniques de rénovation innovantes.
Ces méthodes permettent de révéler tout le potentiel de ce mode constructif remarquable et de valoriser les savoir-faire régionaux : charpente traditionnelle, filières chanvre, terre.
Un patrimoine à pans de bois entre Bresse, Dombes, Val de Saône et Saône-et-Loire
La Bresse (sud et centre)
- Où ? Principalement dans l’Ain, au nord-est de Lyon : Montrevel-en-Bresse, Saint-Trivier-de-Courtes, Marboz, et jusqu’à Bourg-en-Bresse.
- Spécificité : Le pan de bois y est structurant : il s’agit de maisons souvent à un étage, avec encorbellement, remplissage en briques ou torchis, et toitures à large débord.
- Style : Typiquement rural, avec une architecture paysanne remarquable : fermes bressanes à cheminée sarrasine, colombages parfois ornés.
La Dombes
- Où ? À l’est de la Saône, autour de Châtillon-sur-Chalaronne, Villars-les-Dombes, et jusqu’à Pérouges.
- Spécificité : Pan de bois présent dans les bourgs médiévaux et les zones de fermes dispersées. On y trouve souvent des encadrements de bois apparents et remplissage torchis ou briques.
- Style : Plus rare que dans la Bresse, mais bien présent dans les centres historiques.
Le Val de Saône
- Où ? En bord de Saône, au nord de Lyon : Trévoux, Fareins, Montmerle-sur-Saône, Belleville-en-Beaujolais.
- Spécificité : Présence de maisons à colombages dans les centres anciens (bourgeoisie commerçante, relais fluviaux).
- Style : Bâti mixte pierre/bois dans les centres urbains anciens, influence bressane ou mâconnaise.
La Saône-et-Loire
La Saône-et-Loire, surtout dans sa partie sud (Bresse bourguignonne), est un territoire central pour le pan de bois :
- Où ? Louhans est l’un des pôles les plus emblématiques de la tradition du colombage en Bourgogne mais aussi Cuisery, Pierre-de-Bresse, Branges, Saint-Germain-du-Bois.
- Spécificités : Remplissage torchis ou briques, grandes toitures à pans bas.
- Style : proche de celui de la Bresse de l’Ain, formant une unité culturelle et constructive au nord de Lyon.
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