Enduit de soubassement à la chaux et maîtrise de l’humidité
La chaux, compatible avec le bâti ancien, ne garantit pas la pérennité de l’enduit si les remontées d’humidité ne sont pas traitées.
La chaux n’est pas un traitement contre l’humidité
Illustration d’un soubassement humide revêtu d’un enduit à la chaux :
Un enduit de façade à la chaux a été posé sur un soubassement il y a moins de dix ans. Pourtant, le résultat est déjà dégradé : l’enduit sonne creux, cloqué et soufflé, il s’effrite en tombant par plaques.
Dans la littérature, on parle souvent d’enduit sacrificiel, comme si cette usure était inévitable. Certains recommandent même de refaire l’enduit du soubassement tous les 5 à 10 ans. Mais cette fatalité peut être évitée si les causes d’humidité sont correctement traitées dès le départ.
Enduit de soubassement à la chaux
Cet enduit à la chaux, appliqué sur un soubassement, présente des cloques et des zones effritées dues aux remontées capillaires. L’humidité fragilise l’adhérence de l’enduit, qui se détache et tombe par plaques. Ce phénomène illustre la nécessité de traiter l’humidité avant toute restauration du soubassement afin d’assurer la pérennité des enduits.
Le rôle du soubassement au sein du mur
Une fonction essentielle dans la gestion de l’humidité
Le soubassement joue un rôle essentiel dans la gestion de l’humidité et la protection d’un mur :
- Il facilite le drainage vertical de l’eau libre.
- Il freine les remontées capillaires du sol grâce aux cavités formées par les éléments de maçonnerie : pierres, galets, tuiles ou briques.
Comment les cavités protègent le mur
Ces cavités :
- Réduisent le contact direct entre l’humidité du sol et les matériaux du mur.
- Augmentent les surfaces d’évaporation, permettant à l’eau libre de s’évacuer et à l’humidité de s’évaporer plus facilement.
Les risques d’un enduit étanche
Un enduit au ciment, de nature étanche :
- Bloque le fonctionnement naturel du soubassement.
- Empêche le soubassement de respirer et accentue les désordres liés à l’humidité.
Bonnes pratiques
Pour rester fonctionnel, lorsque l’architecture le permet :
- Ne pas enduire le soubassement, afin de conserver sa capacité à drainer et évaporer l’humidité.
Détail de soubassement de mur ancien
Ce soubassement de mur ancien, construit en briques et galets liés à la chaux, présente des cavités naturelles qui facilitent le drainage de l’eau et freinent les remontées capillaires. Grâce à cette conception traditionnelle, l’ensemble reste en excellent état, sans trace d’humidité ni dégradation.
Les effets de l’humidité sur un enduit à la chaux
La chaux : un allié, pas une solution miracle
La chaux naturelle favorise l’évaporation de l’humidité, mais ne résout pas tous les problèmes. Lors du séchage, les sels hygroscopiques dissous restent en surface, créant un cycle répétitif :
- l’humidité monte par capillarité,
- s’évapore à la surface de l’enduit,
- les sels restent, absorbent encore plus d’humidité,
- provoquant condensation et dégradations mécaniques.
Les conséquences visibles sur les enduits
Nous constatons, lors de nos diagnostics, les dégâts causés par l’humidité sur les enduits à la chaux : tâches et auréoles, décollements, corrosion due aux sels.
Des bloqueurs de salpêtre peuvent limiter ces effets, mais temporairement. L’humidité finit toujours par saturer l’enduit, même à la chaux.
Les remontées capillaires et leur impact
La capillarité permet aux murs d’absorber l’humidité du sol. Théoriquement, elle se limite à quelques centimètres au-dessus du sol.
En pratique, l’électro-osmose peut propulser l’humidité jusqu’à plusieurs mètres, rendant nécessaire la suppression de ses effets.
L’impact des enduits ciment
Des désordres inévitables
L’humidité agit aussi sur les enduits au ciment ou sur les enduits « batards » (chaux + ciment). Certes, leur caractère imperméable ainsi que leur mécanicité plus importante retarde l’apparition des désordres. En revanche, les pathologies liées aux sels hygroscopiques finissent par se manifester. Elles se traduisent, notamment, par un délitement progressif de l’enduit.
Un enduit qui enferme l’humidité
Un enduit au ciment emprisonne l’humidité du sol à l’intérieur des murs. La maçonnerie perd alors ses qualités perspirantes. Peu à peu, elle développe des désordres humides et structurels qui, dans les cas les plus graves, compromettent la tenue mécanique du mur.
Des signes visibles de dégradation
À cela s’ajoutent des variations d’hygrométrie et de température entre l’enduit et la maçonnerie. Ces différences provoquent une déconnexion partielle ou totale de l’ensemble. On observe alors des enduits qui sonnent creux, cloquent, s’effritent et tombent par plaques.
Quand l’enduit est atteint, le mur l’est aussi
Dans la plupart des cas, lorsque l’enduit ciment est visiblement atteint, les matériaux du mur le sont aussi, parfois de manière encore plus sévère. Conserver provisoirement un enduit ciment, même peu esthétique, peut donc être plus prudent. Cela laisse le temps de traiter les problèmes d’humidité en profondeur sans exposer directement aux intempéries (pluie, gel, etc.) une maçonnerie déjà bien fragilisée.
Des risques à long terme
À long terme, l’action répétée de l’humidité peut rendre les pierres ou les briques gélives, jusqu’à provoquer leur dissolution progressive
Soubassement humide, enduit soufflé, salpêtre, cloques…
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